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A lire : le nouveau livre d’Evelyne Tschirhart « L’école dans les séries TV françaises » Par Caroline Alamachère

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Evelyne-tschirhart

Caroline Alamachère  Un peu plus de deux ans après avoir publié « Des élèves malades de l’école », Evelyne Tschirhart ancienne institutrice s’attaque cette fois aux séries télévisées avec son livre « L’école dans les séries TV françaises » ayant pour thème l’école, qui offrent à voir une image de celle-ci pour le moins inquiétante, abêtissante et finalement dangereuse.

L’école était autrefois un lieu d’instruction – et non d’éducation -, un lieu où le savoir se dispensait par la voix de l’enseignant. On terminait sa scolarité avec une tête bien pleine, avec les outils culturels et intellectuels nécessaires au développement de la réflexion personnelle et de la raison, l’acquisition de savoirs permettant de construire sa pensée et de l’argumenter.

L’école d’aujourd’hui est de moins en moins cela. Ce qui était vrai jusqu’à il y a encore quarante ans a cessé de l’être. Le sanctuaire du savoir est devenu un lieu de propagande politique et sociétal, un lieu où l’élève est placé au même niveau que son enseignant, où la motivation à être un bon élève est devenue honteuse.

Une phrase d’un rappeur est rapportée disant que les élèves « sont en droit de posséder le savoir » comme si ce dernier ne nécessitait pas d’être acquis par l’étude mais donné sans effort, comme on introduirait un disque dur externe dans leur cerveau, avec tout le programme à l’intérieur.

Au travers de ces différentes séries, Evelyne Tschirhart, avec une patience dont on devine qu’elle a dû lui coûter, toutes ces inversions de valeurs sont amplifiées, démultipliées jusqu’au ridicule. Notre pauvre langue y est foulée au pied de la plus vile façon, les bons professeurs forcément caricaturés sont désignés à la vindicte comme réacs, racistes et fascistes, des mauvais coucheurs antipathiques ou ridicules. Les néo-professeurs au contraire entrent en classe « à la cool », proposent des divertissements, demandant aux élèves de choisir le sujet du jour, refusant de leur apprendre quoi que ce soit pour laisser plutôt libre cours à leur imagination ou à leur vécu familial, quitte à faire des intrusions malvenues dans la vie personnelle.

L’école ne devient plus rien qu’un lieu de festivités sans fin dans lequel il est primordial de se distraire dans l’amusement, l’injustice y est érigée en valeur humaniste et la loi désignée comme devant être bafouée parce que porteuse d’empêchement à faire tout ce qu’on veut et que la frustration doit être combattue à tout prix, à l’ère où tout doit s’obtenir à l’oeil et rapidement, de préférence sans rien devoir en échange. Les voleurs sont systématiquement défendus, les victimes toujours bienvenues quand elles ne sont pas purement et simplement inventées pour le bien de la cause et pour la bonne conscience égotique.

L’égalité se mue en matière à part entière, on n’enseigne plus l’Histoire ou le français mais l’égalité, l’antiracisme, le tout se vaut. Un même QI pour tout le monde, de préférence le plus bas possible pour que tout le monde soit bien ex-aequo, comme à l’Ecole des Fans. Là où la médiocrité est devenue l’objectif ultime, l’élève en difficulté est l’objet de toutes les attentions, au détriment de tous les autres, livrés à eux-mêmes. Et si un élève est faible, les autres doivent l’être aussi pour ne pas générer d’inégalité. L’excellence ou l’encouragement à faire partie du peloton de tête, par la récompense, la carotte, sont jugés suspects et dangereusement passéistes. Qu’est-ce que c’est que ces bons élèves intelligents et travailleurs qui font du tort aux mauvais ?! Une capacité moindre est détectée ? Mettons donc cela sur le dos de la pauvreté, de l’inégalité sociale, des bourgeois, des fachos ! Le bon élève, lui, est moqué, dénigré, suspecté, rabaissé, tabassé. Ça lui apprendra ! L’ère de la médiocrité portée en triomphe…

Les élèves blancs sont caricaturés, désignés a contrario des autres comme indéfendables, parfois racistes.

Ils méritent d’être moins bien traités que leurs autres camarades, n’ayant eux aucune excuse quand les autres sont excusés de tout. Aux élèves « de souche » qui commettent des actes répréhensibles, on ne juge pas utile de leur offrir une seconde chance, tant pis pour eux. Les autres restent invariablement victimes en toutes circonstances de la méchante société, maintenus dans leur condition de délinquants et jamais encouragés à en sortir parce que jamais punis, toujours dédouanés, à jamais victimisés et noyés dans leur médiocrité parce que jamais incités à progresser, avec pour unique bénéfice de permettre aux adultes référents de s’octroyer sur leur dos une bonne conscience de pacotille.

La nécessité de préserver la paix sociale ajoutée à l’impérieux besoin de se sentir aimé font qu’on minimise des actes graves, voire gravissimes. La violence est amoindrie, excusée, les circonstances atténuantes sont de mise. Même en dehors de l’école, au sein de la famille, l’enfant roi n’est que le résultat du besoin d’amour et de reconnaissance des adultes. L’adulte n’aide plus l’enfant / l’élève à se construire mais se comporte lui-même de manière immature et irresponsable, en réclamant son amour alors que c’est d’abord à l’adulte de donner des preuves du sien. Les rôles sont inversés, tout comme les valeurs et le bon sens. Le sens du respect mutuel ne peut que voler en éclats, l’apprentissage de la vie également. Il ne peut résulter de cette lâche démission des adultes qu’un chaos moral et comportemental se répercutant sur l’ensemble de la société.

Ce livre d’Evelyne Tschirhart décortique avec acuité cette caricature de l’école qui nous est donnée à voir à la télévision, tout en nous incitant à réfléchir sur une réalité qui, si elle n’est pas encore totalement semblable à cela, n’en est cependant pas si éloignée, quand on sait de quel bois ultra gauchisant sont faits nombre d’enseignants.

Caroline Alamachère


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