François Hollande a fait un discours sur l’immigration dans lequel, pour illustrer son propos sur ce qu’est une intégration réussie, il a invoqué l’exemple… d’Alfred Dreyfus !
Qu’est-ce qui, dans la personne du capitaine Dreyfus, a fait naître l’inspiration du président socialiste ? Est-ce le fait qu’il fût juif ? Sont-ce des relents d’antisémitisme inconscient que le père pétainiste du Président lui aurait inculqués à l’insu de son plein gré ? Est-ce la naissance alsacienne dudit Dreyfus ? On se perd en conjectures.
Si la première hypothèse est la bonne, il y a évidemment matière à s’inquiéter. Si je raisonnais selon les normes de nos médias de gauche très largement portés au charlatanisme freudien, je n’hésiterais pas à prêter au bonhomme Hollande des réflexes racistes que ma raison m’interdit de lui envisager. N’étant ni un suppôt d’SOS racisme ni une groupie mélenchoniste voyant partout le diable nationaliste, j’écarte d’emblée l’idée qu’un juif dont l’ascendance française remonte au moins à 1756 pourrait ne pas être reconnu comme français. Mais je n’en suis pas rassuré pour autant car, si l’origine alsacienne d’Alfred Dreyfus suffit à le qualifier rétrospectivement d’immigré, c’est grave.
A plus forte raison quand cette qualification émane du Président de la République française. Certes, le cursus universitaire de François Hollande s’est limité à des études en droit, HEC, Sciences-Po et ENA mais tout de même : on est en droit d’exiger de lui une connaissance aigüe de la vie d’Alfred Dreyfus. Or, celui-ci, même si l’Alsace a été allemande pendant plus de quarante ans, n’a jamais été autre chose que français. Un Français tellement français qu’il s’est engagé pour être sûr de participer au combat pour le retour de l’Alsace dans le giron national. Et un Français tellement français qu’il s’est refusé, après l’affaire éponyme, à mettre sur le compte de l’antisémitisme l’erreur judiciaire qui a ruiné sa vie.
Quels qu’en soient les ressorts profonds, ce dérapage est presque totalement passé inaperçu. Seul Jean-Louis Bourlanges dans l’émission de Philippe Meyer L’esprit public sur France Culture l’a relevé. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à un lapsus dans le lapsus. Bourlanges, en effet, s’est emmêlé les pédales, au grand dam de l’alsacien Philippe Meyer, ce qui a donné ceci : « Alfred Dreyfus était un Alsacien, c’est peut-être en ça qu’il n’était pas français et, euh…, ou était un Français de confession israélite… » « …et je ne pense pas qu’un Juif soit a priori un étranger et donc …. » couvert par Ph. Meyer : « …ou de peu de confession, d’ailleurs ; il n’était pas très pratiquant mais il était très français parce que sa famille avait choisi… ». Ah, les mots, les mots, les maux !…