Le conflit israélo-palestinien est en fait une guerre civile et fratricide, entre deux factions d’un seul et même peuple (…) hébreu-cananéen[2].
S’arrêtant à chaque pâté de maisons palestiniennes (de Sichem-Naplouse), il me révéla à voix basse la véritable identité des habitants des lieux. Ici c’étaient des descendants du clan Merhavi, là des Samra (Samaritain en arabe), tous crypto-samaritains. Les tests ADN effectués dernièrement montrent indiscutablement qu’ils ne sont pas des Arabes et qu’entre-eux et les Juifs, il y a une totale similitude génétique ! Le Fatah et le Hamas le savent bien et s’efforcent d’occulter ce qui affaiblirait l’absurde haine fratricide entre Israéliens et pseudo-Palestiniens.[3]
Telle est la thèse, très forte, de ce livre en apparence très baroud d’honneur au sens littéral puisqu’il veut mettre à bas, même s’il est selon lui trop tard (Israël ayant perdu la bataille des idées pour David Belhassen)[4], les narratifs siamois issus du « sectarisme judaïque » (p.11) —quoique non raciste (p.327, note 1)— et de ces « siècles d’occupation arabo-musulmane » (p.11) de type par contre très stigmatisant envers ceux qui ne sont pas musulmans pour ne pas dire plus (infra, ici, note 5). Ces discours auraient « occulté leur identité hébraïque originelle ». Au profit de « deux idéologies prétendant se substituer à la réalité historique d’un peuple hébreu-cananéen » (p.11).
Abordons tout d’abord « l’occupation arabo-musulmane » encore aujourd’hui imposante et si pressante. Ce qui saute aux yeux dès le début du livre, c’est bien l’état d’infériorité et de répression culturelle dans lequel furent à nouveau plongés les autochtones berbères et juifs à la suite de l’abandon du protectorat français en Tunisie d’où est issu David André Belhassen :
À l’école, bien que l’enseignement continuât à se faire en français (avec quelques heures hebdomadaires obligatoires d’arabe), le contenu se modifia sensiblement. Il n’y avait plus de place pour les princes berbères aux noms exotiques comme Massinissa ou Jugurtha. Et encore moins pour les chefs républicains de la Carthage phénicienne : Amilcar Barca, Hannibal, Asdrubal (…) L’Histoire qui nous était enseignée allaient dorénavant débuter au VIIIème siècle après J.C. et se concentrer exclusivement sur « l’illustre civilisation arabo-musulmane ». Si j’’étais né quelques années plus tard, je n’aurais probablement rien su de l’histoire antique et authentique de la Tunisie. C’est d’ailleurs le lot des élèves tunisiens d’aujourd’hui. » (p.27).
Cette répression culturelle renoue avec l’humiliation politique au quotidien qui était monnaie courante avant l’arrivée française :
En tant que Juif dhimmi, la vie de mon grand-père était régie par une législation méticuleuse. Il lui était ainsi défendu de monter un cheval, il était uniquement autorisé à monter un âne « non à califourchon mais sur le côté comme une femelle ». Parce qu’il était de haute taille, il fut astreint lorsqu’il passait devant un musulman, à se faire plus petit que lui, sous peine de sthekah, la bastonnade ou l’humiliation à coups de gifles. (…) Selon l’humeur des sultans, il pouvait même être affublé d’un anneau au cou, signe de servitude, d’une clochette pour avertir le musulman de sa présence impure, et d’une rouelle de couleur jaune —les nazis n’ont rien inventé— cousue sur la poitrine, (pp.59-60).
Les énormes efforts d’un Benjamin Stora pour sinon nier vigoureusement ce fait, du moins le relier, uniquement, et ce obstinément (donc non scientifiquement) à un supposé « intégrisme »[5], montrent l’ampleur des relais idéologiques dont bénéficie encore l’idéologie nationaliste arabo-musulmane[6] y compris sous ses formes plus ou moins modernistes allant du bourguibisme (sous lequel a vécu David Belhassen) au baathisme et autre nassérisme (qui instrumentalisèrent la déchéance et l’expulsion de centaines de milliers de Juifs après 1948[7]).
Pourtant, le livre de Paul B. Fenton et de David G.Littman, L’exil au Maghreb avait lui aussi souligné la vie effroyable des Juifs sous juridiction musulmane[8], comme l’avaient déjà indiqué par exemple Sarah Taïeb-Carlen[9] et Esther Benbassa[10] ; celle-ci n’ayant pourtant jamais de mots assez durs contre les travaux de Bat Y’or sur la « dhimmitude » (préfacé par Jacques Ellul)[11]alors que celle-ci ne fit seulement que relater ce qu’un Joseph Cuoq avait lui aussi déjà indiqué[12] ainsi que Pierre Goignard[13].
Benjamin Stora avait aussi tenté de banaliser la chose dans son livre « Les trois exils, juifs d’Algérie » en allant jusqu’à affirmer que le 1er « exil » fut créé en réalité par le fameux « décret Crémieux » qui, en permettant aux « Juifs » de devenir citoyens français, aurait « séparé » (sic) les Juifs « des autres “indigènes”, les musulmans » selon lui. Seulement, comme le souligne Joëlle Allouche-Benayoun dans un compte-rendu critique, « peut-on sérieusement parler d’exil lorsqu’un individu, ou un groupe d’individus, ou une population se libère ou est libérée d’une condition humiliée et humiliante ? Peut-on parler d’exil lorsque la population en question dit « émancipation », « libération » ? Et n’exprime à aucun moment le regret du temps d’avant, celui d’avant la conquête française ? »[14]. Pierre Goignard avait par ailleurs relaté qu’un décret identique au décret Crémieux avait été proposé aux « musulmans », sans succès[15].
S’agissant cette fois du narratif judaïque David André Belhassem n’est pas en reste lorsqu’il s’en prend, d’entrée de jeu, à l’idée même de « sionisme » (p.10) car pour lui le « choix du nom « sionisme » fut une grave erreur sémantique. « Mouvement de libération du peuple hébreu » est plus exact. » (id., note 1).
Ainsi (pp.10-11) « il n’y a jamais eu de « peuple palestinien, pas plus que de « peuple sionien » Ce sont deux extravagances sémantiques ». D’ailleurs, ce qu’il appelle le « palestinisme » serait pour lui un « néologisme créé par un Juif, un fervent sioniste même. Itamar Ben Avi l’inventa en 1928, en vue de fonder une sorte de confédération de cantons hébréophones et arabophones. (p.11). Sauf que cela ne permit en rien le fait de prendre en compte le fait qu’ils font partie du même peuple « hébreu-cananéen » (p.11).
En fait Cananéens (« les littoraux »), Hébreux (« les passeurs de cols ») et Arabes (« les steppeurs ») ne sont qu’un même peuple habitant le pays de Qedem (Le Levant). (…) Comme il existait également des nomades parmi les Hébreux, il y avait donc des Hébreux arabes. « Arabe est en fait une métathèse hébraïque d’eber. (…) Dire d’un tel qu’il est un Hébreu arabe (arabe dans son sens originel de nomade) pour le distinguer d’un Hébreu sédentaire, n’est pas du tout une absurdité. Par contre parler de peuple arabe l’est fatalement. Il est aussi possible d’être un Hébreu non juif, un Hébreu chrétien par exemple. Il est même envisageable d’être un Hébreu musulman. À l’inverse, on peut être un Juif (converti au judaïsme) est n’être pas hébreu. C’est donc bien l’amalgame entre peuple, religion, langue, comportement socio-économique, qui est le nœud gordien empêchant encore et toujours de dénouer le conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien et d’y trouver une juste solution. » (pp.95-96).
Ce qui implique bien de ne pas donner à ce renouveau hébraïque aux multiples racines un commencement pseudo contemporain qui serait principalement celui de la Shoah (p.143) :
Le monde entier est donc tombé dans le panneau. Tout homme politique en visite officielle est invité, à peine arrivé dans le pays, à se recueillir à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, comme si l’atroce génocide justifiait l’existence de l’État d’Israël. Ce court-circuit émotionnel, censé provoquer une empathie pour l’Etat d’Israël, a un effet pervers contraire. Il vide le sionisme de sa substance. Le retour aux pays des ancêtres, les sites archéologiques attestant l’antériorité de la présence des Hébreux sur cette terre, leurs milliers d’années d’histoire, leur héroïsme contre les occupants successifs, les preuves de l’occupation arabo-islamique et du génocide qu’ils perpétrèrent sur les Samaritains, tout cela est remplacé par une ridicule kippa posé sur l’occiput.
Le lien artificiel et malsain entre la Shoah et l’État d’Israël a également contribué à créer un fossé entre ashkénazes et sépharades. Ces derniers furent traités comme des citoyens de seconde zone, sommés de s’intégrer au plus vite dans le pays d’accueil, et à en épouser les mœurs et la culture. Or cette discrimination étatique, basée sur la Shoah et ses réparations, est une imposture historique. Les Juifs dans les pays sous le joug arabo-musulman subirent eux aussi un génocide. Certes moins rapide que dans le cadre de la barbarie nazie, mais sa lenteur n’enlève rien en son efficacité.
La preuve est le nombre moindre, en dépit d’une natalité plus élevée, des Juifs issus du monde arabo-musulman par rapport à celui des Juifs d’Europe.
Ce « commencement » réducteur alimente en réalité l’argumentaire des ennemis d’Israël, surtout dans la région (jusqu’à L’Iran) lorsqu’ils expliquent de ne pas avoir à supporter les conséquences des errements européens. Or il aurait été possible selon David Belhassem d’éviter cette impasse si le mouvement de libération hébraïque avait pu prendre conscience que son combat devaitd’abord prendre en compte à la fois l’unicité ethnique et la pluralité des appartenances spirituelles juive chrétienne musulmane agnostique laïque comme cela commençait d’ailleurs à être le cas dans les années 20[16] avant que les sectaires de tous bords n’empêchent ce rapprochement (p.302) :
Si l’Indépendance d’Israël avait été déclarée en 1917, ou en 1930 avant la montée d’Hitler au pouvoir, et même en 1939, quand éclata la Seconde Guerre Mondiale, tout le prestige de la libération du Levant aurait été recueilli par le Mouvement hébreu. Le sigle MHL aurait été le fer de lance de la lutte anti-impérialiste, un exemple aux yeux de tous les petits peuples opprimés. (…) Lors de la capitulation de l’Allemagne, l’évidence que la terre d’Israël revienne de droit aux Hébreux n’aurait pu être remise en cause.
Au lieu de cela, la division et la haine entre les membres d’un même peuple prirent place :
Voilà le terrible malentendu qui se déroule depuis plus d’un siècle sur cette terre entre les Israéliens, piégés dans la branche la plus sectaire du judaïsme, et les Palestiniens oublieux de leur identité originelle, au point de devenir les portefaix de leurs anciens bourreaux panarabistes islamiques. (p.184).
Les Palestiniens oublient une chose fondamentale aux yeux de David Belhassem :
L’usage d’une langue (surtout imposée par un conquérant) ne témoigne pas d’une identité ethnique. Un Andin, descendant des Incas, n’est pas le cousin d’un castillan, par le seul fait qu’il parle aussi l’espagnol ! L’ineptie « langues et peuples sémites « entérina pourtant le mythe du cousinage, en lui conférant une pseudo-réalité. On parle ainsi de eux populations de « type racial sémite » qui, ethniquement parlant, n’ont rien en commun. Les Hébreux sont des Méditerranéens, plus proches des Chypriotes que des Arabes. (pp.245-246).
Ces considérations, largement développées et documentées dans le livre, légitiment David Belhassem à réitérer sa condamnation de tout sectarisme, socle de l’impasse politique actuelle :
La définition sectaire et exclusiviste du sionisme, le fait que « Hébreu » fut considéré synonyme de « Juif » et le refus d’intégrer la population dite palestinienne dans un commun combat de libération contre le joug de l’arabo-islamisme, empêcha les Palestiniens de recouvrer leur identité originelle hébraïque. La participation de ces Hébreux non juifs, arabisés et arabophonisés, au devenir de l’État d’Israël, a de cette manière lamentablement échoué.
Quant au concept d’Umma par lequel l’entité palestinienne est instrumentalisée, il est quasiment identique à celui de Nation en Europe. On y trouve la même volonté colonialiste : faire table rase du passé, effacer les traces de conquêtes antérieures, digérer et dissoudre les peuples à l’intérieur de frontières étatiques au tracé artificiel et arbitraire. Il en fut ainsi des Hébreux arabophones de Judée-Samarie qui, entre 1948 et 1967, furent considérés comme des « citoyens jordaniens » et ceux de la bande côtière de Gaza, soudain devenus « citoyens égyptiens » sans qu’ils le demandent.
Avant l’apparition du sionisme et le réveil des ethnies menaçant de disloquer l’Umma, aucune« nation palestinienne » ne s’était exprimée. Ayant subi la même déferlante arabo-islamisante que la population égyptienne ou berbère en Afrique du Nord, elle a été créée à partir d’une théo-politique. Elle ne porte en son sein nul germe de libération d’un peuple (pp.263-264).
Cette position, vérifiée historiquement et archéologiquement (le livre n’est pas avare de notes explicatives très utiles) devient un véritable leitmotiv pour David Belhassem :
il faut le répéter : le peuple hébreu dans son ensemble — y compris les Ashkénazes— est originellement méditerranéen. (…) Certes, la propagande palestiniste leur dénie cette appartenance au peuple hébreu et par conséquent tous droits historiques sur la terre d’Israël. Du coups, les Ashkénazes ont développé vis-à-vis des « Arabes sémites » un complexe identitaire qui n’avait aucune raison d’être. Ils se crurent forcés de se réfugier derrière l’identité juive plutôt qu’hébreue. (P.303).
D’où ce cri du cœur qui ne pouvait pas ne pas clore son travail herculéen :
Il y a six ans, je lançais un appel, à la fois à mes compatriotes israéliens et aux Palestiniens :« Désaliénez-vous ! Désisraélisez-vous et dépalestinisez-vous ! Déjudaïsez-vous et désislamisez-vous ! ». J’avais fait un rêve en venant en Israël, il y a plus de quarante ans : être témoin de scènes de fraternisation entre les frères ennemis Israéliens et Palestiniens, les voir tourner leurs armes contre ceux qui les ont poussé à se haïr, et œuvrer ensemble à reconstruire Qedem, leur Etat laïc unifié, après avoir recouvré leur authentique identité : ni Juifs, ni Arabes, mais Hébreux-Cananéens. (P. 345).
Donc ? Israël ? État Juif ? État Arabe ? Non ! État Hébreux ! voilà la réponse sans ambages de David Belhassem qui ne semble pas si sibylline que ça et même peut être une arme non négligeable pour ladite « paix des braves » dans les « négociations » en cours. En effet, au nom de quoi les « implantés » Hébreux/Juifs en Judée-Samarie devraient-ils ne pas se sentir autant chez eux que les « colons » Hébreux/arabophones appelant, eux, cette région « Cisjordanie » ?...Pourquoi celle-ci devrait-elle être « Juderein » ?...Telle est la question. Pivot. Des reportages montrent que des Hébreux/Juifs y habitant seraient prêts à prendre la « nationalité palestinienne » si et seulement si cependant elle pouvait représenter sinon cette transition rêvée par David Belhassem du moins la possibilité d’un réel être ensemble exigé en Israël même par les « palestinistes », mais refusé dans les pays « arabes ». Au nom de quoi ce refus « palestiniste » d’ailleurs ? Sinon au nom de ce « retour » de moins en moins implicite à une suprématie raciste dont la radicalité théocratique reste encore impensée (et pourtant écrite noir sur blanc dans nombre d’écrits « sacrés »). Le livre de David Belhassem, par sa radicalité même, et malgré son pessimisme (actif) permettrait d’ouvrir le débat de manière originale...
Surtout en Afrique du Nord : par exemple entre berbérophones et arabophones, tous deux responsables par ailleurs de la disparition de leurs racines juives et chrétiennes et qui leur manquent en fait terriblement pour vivre cette pluralité démocratique qui avait été d’ailleurs promise lors de la « libération coloniale » y compris par la gauche et la droite française, bel et bien co-responsables en réalité du chaos actuel. Et avenir.
Lyon, le 18 février 2014.
[1] Sous–titre : « Amour et désamour », éditions de la Différence, 2013, 347 pages, 19 €.
[2] Ibidem, p. 11.
[3] Ibidem, pp. 69-70.
[4] « Si un miracle auquel je ne crois pas ou plus, n’entrave pas l’inexorable autodislocation de l’État d’Israël, sa fin est déjà scellée. (…) Les « efforts de paix » ont échoué jusque-là, parce qu’une solution juste exigeait une révision totale de l’Histoire façonnée par les idéologies dominantes. La refonte d’un creuset identitaire issu du lointain passé commun, pouvait seule réunifier le peuple hébreu-cananéen dans un État-ethnie — Le Levant (Qedem) comprenant Israël, la Judée-Samarie, la bande de Gaza, le Sinaï et le Liban— où tous auraient les mêmes droits et les mêmes devoirs. (…) « Un peuple, un pays » aurait alors naturellement émergé. Cet État-ethnie devrait s’adresser à tous, y compris aux descendants des conquérants arabo-musulmans, afin qu’ils abandonnent leur idéologie de mort et qu’ils s’intègrent dans l’identité historique authentique du peuple et du pays hôtes. (…) Or, le sionisme et le palestinisme, l’un créé par des Hébreux judaïsés et l’autre par des Hébreux arabisés, ont refusé de voir la seule voie susceptible de réunifier les exilés revenant sur la terre de leurs ancêtres avec ceux restés sur place. » (pp.326-328).
[5] Voir par exemple son interview (: http://www.cjnews.com/books-and-authors/mythes-et-réalités-du-dialogue-judéo-musulman ) présentant son livre (Histoire des relations entre Juifs et Musulmans, des origines à nos jours (Éditions Albin Michel, 2013) qui tente par une relativisation historique des plus fausses d’infirmer la réalité de la dhimmitude (ou la domination politique d’infériorisation raciste de populations soumises) alors qu’elle a été bien circonscrite dans les faits, par exemple par Fenton et Littman in L’exil au Maghreb, La condition juive sous l’Islam 1148-1912, éditions PUPS, 2010 (ici note 5) et dans les travaux de Bat Ye’or (note 7, voir son interview ici : http://www.dailymotion.com/video/xctnac_bat-yeor18-03-10_news ). Rappelons ces pratiques qui se corrèlent avec cette dhimmitude et que relèvent les travaux de Tidiane N’Diaye, à savoir la traite négrière organisée par les Arabes dès 652 en imposant aux Soudanais un « bakht » (accord) afin de livrer annuellement des centaines d’esclaves qui étaient pour la plupart castrés (différence capitale avec la traite négrière occidentale), in Le génocide voilé, Paris, Gallimard, 2008 ; lire par exemple ce propos (p.10) : « Alors que la traite transatlantique a duré quatre siècles, c’est pendant treize siècles sans interruption que les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains et de la castration généralisée. »; voir également l’interview de l’auteur sur le sujet :
https://www.youtube.com/watch?v=jcIcd3T2BMw . Voir aussi le documentaire de Jean-Pierre Lledo sur la dhimmitude contemporaine qui fut proposée mais refusée en « Algérie » par un million de personnes lui préférant l’exil : « Algérie, histoires à ne pas dire », production Albarès :
http://www.dailymotion.com/video/x15daxl_algerie-histoires-a-ne-pas-dire_shortfilms
[6] Oulahbib, Nationalisme arabe et islamisme, les deux faces d’une même médaille, in Revue Controverses, 3, (2006), 258-273, visible à l’url suivant : http://www.controverses.fr/pdf/n3/oulahbib3.pdf
[7] Moïse Rahmani, L’exode oublié, Juifs des pays arabes, éditions Raphaël, 2003 ; même auteur, Sous le joug du Croissant (Juifs en terre d’islam, préface de Lucien-Samir Oulahbib), éditions de l’Institut Sépharade Européen, 2004. Lire également l’interview de Shmuel Trigano sur cette question :
http://www.harissa.com/D_forum/Culture_Tune/LEXODEOUBLIE.htm ;
voir également L’exclusion des Juifs du monde arabe : un élément clef du conflit : http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=OUTE_009_0045
[8] Sous-titre : La condition juive sous l’Islam, (1148-1912), éditions Presses de l’Université Paris-Sorbonne (PUPS), 2010. Un exemple (p.287) aux alentours de 1857 au Maroc : « Chaque soir, au coucher du soleil, les juifs rentrent dans un quartier spéaré, entouré d’un mur d’enceinte, et ils n’en peuvent sortir que le lendemain pour se rendre dans la ville musulmane où ils ont leurs boutiques. Les Maures désignent ce quartier, où ils parquent les juifs, du nom de mellah, terre salée ou maudite. (…) Les juifs sont condamnés à ne porter que des vêtements noirs, cette couleur étant l’emblème du malheur et de la malédiction. Il leur est interdit de monter à cheval : cet animal est trop noble pour leur usage. S’ils passent devant une mosquée, une zaouïa (chapelle), un saint, un marabout, un chérif, ils doivent ôter leur chaussure et la porter à la main jusqu’à ce qu’ils aient passé. (…) Leurs femmes, sous le moindre prétexte sont fouettées en place publique par l’ahrifa, musulmane spécialement chargée de cette fonction. Si un musulman les frappe, il leur est interdit, sous peine de mort, de se défendre autrement que par la fuite ou par adresse.(…) ».
[9] Les Juifs d’Afrique du Nord, De Didon à de Gaulle, éditions Sépia, 2000, p. 45-53 : « Malgré les bonnes intentions à l’origine de la création dumellah, les Juifs eurent la pénible impression d’être exilés et isolés dans leur propre pays. leurs craintes devaient s’avérer fondées lorsque, sous les Saadiens d’abord (1550-1650), puis sous les Alaouites (de 1666 jusqu’à aujourd’hui), des mellahs surgirent partout au Maroc afin de les grouper et de les isoler, et non de les protéger. Par exemple, en 1465, des Musulmans mécontents des Mérinides se ruèrent sur le mellah de Fès et en massacrèrent presque toute la population. Des attaques similaires devaient suivre un peu partout au Maroc et c’est ainsi que disparurent de nombreuses communautés ».
[10] Esther Benbassa, Aron Rodrigue, Histoire des Juifs sépharades, éditions Seuil/ Points/histoire, 2002, p. 29 : « Les victoires de laReconquista chrétienne qui débutèrent avec la prise de Tolède en 1085 poussent les musulmans de Séville à recourir à l’aide des Almoravides d’Afrique du Nord, qui, en raison de leur zèle religieux, mènent la vie dure au Juifs, (…).
Les Almohades du Maroc, fanatiques et intolérants, occupent l’Espagne en 1146, mettant un terme à toute la vie juive dans le sud. (…) »
[11] Voir son interview opéré par mes soins : http://www.dailymotion.com/video/xctnac_bat-yeor18-03-10_news et ses écrits dont celui-ci The Dhimmi : Jews and Christians under Islam, Fairleigh Dickinson University Press/Associated University Presses, 1985, préfacé par Jacques Ellul disponible à L’url suivant :
http://www.dhimmitude.org/archive/dhimmi_preface_ellul_fr.html ; voir également une recension pour la version française :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/
article/xxs_0294-1759_1995_num_45_1_3404_t1_0167_0000_3
[12] « Al-Qâbisî, shaykh originaire de Gabés, comme l’indique son nom, n’hésite pas à prêcher la ségrégation la plus absolue dans l’école, non pour des motifs raciaux ou moraux mais pour des raisons de pureté légale, les minoritaires étant considérés comme légalement impurs. Dans un de ses rares écrits qui nous soient parvenus (30), il expose ses recommandations aux maîtres d’école. Les enfants musulmans ne doivent pas être mêlés, insistait-il, aux enfants juifs ou chrétiens. (…).C’est une semblable mise en garde que manifeste al-Qâbisî à propos des fêtes chrétiennes auxquelles participaient des musulmans soit par amitié et sympathie soit, peut-être, en souvenir de leurs racines chrétiennes. (…) in L’Église d’Afrique du Nord du II ème au XII ème siècle, Paris, Le Centurion, 1984 pp-165-166. Et aussi (p.158) :« (…) d’autres signes plus humiliants s’ajoutaient. Il y avait tout d’abord l’obligation pour les juifs et les chrétiens de porter des insignes distinctifs, (14 (p. 200) : Au temps d’Ibrâhîm II (875/902), juifs et chrétiens de Kairouan devaient porter sur l’épaule un morceau d’étoffe blanche sur laquelle était dessiné un singe ou un porc. Le même insigne devait être cloué sur la porte d’habitation. ’ Iyâd, Biographies aghlabides, p. 223; Mâliki, résumé par H.R. Idris, dans "Contribution à l’histoire de l’Ifrîquiya", Revue des Études islamiques, 1935, p. 142.). Mais surtout, toute manifestation extérieure de leur religion leur était interdite. Si l’entretien des lieux de culte était autorisé, il ne pouvait être question d’en construire de nouveaux (…) » Enfin p. 164 : « Ainsi, certains refusaient de prendre avec eux leur nourriture (25 (p. 201), Abû L-’Arab, Tabaqât, p. 146; trad. Ben Cheneb, p. 133 ; Mâliki, Riyâd, ms. 36 r., résumé par Idris dans Revue des Et. Islamiques, 1935, p. 141.) ou même de leur serrer la main, probablement par crainte de contracter une impureté légale (26, (ibid), Cadi’ Iyâd, Tarâjim, pp. 243-244 ; R. M. Speight, o.c., pp. 63-64 ».
[13] Dans Algérie, l’œuvre française (Éditions Jacques Gandini, 2001) Pierre Goignard fait état des mêmes vexations relatées dans la note précédente (p. 48) et, p.313, observe qu’il ne « faut jamais perdre de vue l’état dans lequel croupissait la masse des Juifs sous les Turcs, très inférieurs à celui des Musulmans, pour mesurer leur allégresse à l’arrivée des libérateurs français (…). Goinard fait part de ce témoignage (même page) : «Note 2 : Nous habitions la vallée des ténèbres et de la mort…Maintenant s’est levé le soleil. (Adresse de A. Cohn au roi des Français en 1846, rapportée par R. Ayoun et B. Cohen in R. Ayoun et B. Cohen in Les Juifs d’Algérie, Lattès éd. Paris 1982 ».
[14] Joëlle Allouche-Benayoun, « Les trois exils, juifs d’Algérie », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 138 | avril - juin 2007, document 138-85, mis en ligne le 08 novembre 2013, consulté le 09 février 2014. URL : http://assr.revues.org/7222
[15] Le sénatus-consulte du 14 juillet 1865 proposait de choisir « (…) entre continuer d’être « régis par la loi musulmane » ou « jouir des droits des citoyens français en étant régis par les lois civiles et politiques de la France » (…) » in Algérie, l’œuvre française, op.cit., p.110.
[16] Voir par exemple les efforts de Haïm Weizmann, Faris Nimr et Suleiman Bey Nassif et les déclaration de l’émir Faiçal à ce sujet, in Mythes et réalités des conflits du Proche Orient de Mitchell G. Bard, Paris, éditions Raphaël, 2003 pp 13-15, disponible à l’url suivante : http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/myths/