Entretien avec Marine Le Pen publié dans Le Figaro du 28 février 2013.
(Photo Gérard Brazon devant le Sénat)
Ne risquez-vous pas une douche froide aux municipales de mars 2014 compte tenu du mode de scrutin?
Le mode de scrutin majoritaire à deux tours pousse à des accords entre les deux tours. Mais c'est le legs d'une époque où régnait le bipartisme. Aujourd'hui, la situation est très différente. À Marseille, la gauche, l'UMP et le FN représentent trois forces politiques de poids analogue. Qui peut dire qui arrivera en tête au deuxième tour dans cette ville en cas de triangulaire? Les deux députés du FN qui siègent à l'Assemblée ont gagné lors de triangulaires. Ce précédent peut se reproduire, à une plus grande échelle, aux municipales. Selon nos estimations, à la présidentielle, je suis arrivée en tête dans 6 286 communes et en deuxième position dans 12.120 autres communes. Notre parti s'est redressé et enraciné. Son image s'est améliorée, comme le confirment plusieurs enquêtes d'opinion. Nos idées progressent. C'est dire notre potentiel aux municipales.
Depuis quelques années, on note un recul du FN dans les grandes villes au profit des zones périurbaines.
Nous partons avec le désir de gagner des mairies et des conseillers municipaux d'opposition, dans les villes petites et moyennes ainsi que les espaces ruraux, mais aussi dans les agglomérations. Nous allons partir à la reconquête des grandes villes. Et nous sommes ouverts à des accords locaux, avec tous les patriotes sincères qui se retrouveront sur nos propositions pour les municipales.
Jean-François Copé et François Fillon s'y refusent tous deux…
Nous ne proposons pas d'accord national à l'UMP de toute façon. Mais l'UMP n'a plus ni chef, ni ligne politique, ni stratégie. Elle se regarde le nombril et ne fait plus de politique au sens noble. Ses cadres s'épuisent dans des querelles de personnes. Quant à Nicolas Sarkozy, la plupart de ses anciens ministres n'ont aucune envie de le voir revenir. Bref, il n'y a plus de leadership, et l'emprise du parti sur ses élus locaux a beaucoup diminué. On ne voit pas qui, à l'UMP, aurait la légitimité nécessaire pour prétendre interdire à un maire de passer des accords avec une autre liste entre les deux tours. Cette situation va probablement pousser des élus ou des candidats de droite à refuser de laisser leurs villes à des maires socialistes.